mardi 18 mars 2008

// L'histoire de Kao Konnection

Le NINKASI est né de la rencontre entre deux personnes, Kurt HUFFMAN et Christophe FARGIER. Le concept reposait sur l’idée d’associer un lieu de production (une fabrique de bière) et un lieu de consommation (un bar-restaurant). L’inspiration vient du phénomène des micros brasseries qui s’est considérablement développé aux Etats-Unis dans les années 90. La notion d’authenticité est alors très forte dans cette démarche puisque le bar-restaurant a pour but d’être le prolongement de l’espace de production avec des choix très minimalistes sur la décoration, l’aménagement du lieu. Le béton, l’inox, la visibilité des installations techniques, des gaines, des tuyauteries sont la marque du NINKASI. Chaque objet doit avoir un sens, une utilité. Loin des concepts très travaillés, il est hors de question de partir sur un système de brassage en cuivre avec toute l’imagerie des brasseries d’antan. Bien que respectant la tradition brassicole, NINKASI veut tout de même être un acteur de son renouveau. L’enjeu est alors de créer un lieu où le contenu a plus d’importance que le contenant. Le lieu doit se patiner, se charger d’une vraie histoire ; son succès repose sur ce qui s’y passe, s’y dégage plutôt que grâce à des artifices de décoration ou de marketing.



L’autre particularité du projet à son démarrage est la fabrication du pain. Au pain liquide qu’est la bière répond le pain au levain maison, les pains pour nos sandwiches, nos burgers. Un véritable souci de la qualité des produits habite les membres du NINKASI et c’est ainsi que les meilleurs ingrédients sont utilisés. C’est donc naturellement qu’ils se tournent vers des fournisseurs locaux, des artisans qui défendent des savoir faire, des produits de grande qualité : les jus de fruits BISSARDON, les sirops CROZET, les Cafés du Maître torréfacteur M. GOVERTCHINAN... C’est ainsi que débute le travail du NINKASI pour défendre la diversité, valeur essentielle qui fonde leur projet.



Cette aventure est un pari un peu fou car ils décident d’investir un lieu très grand pour lequel ils ont un véritable coup de foudre. C’est avec le soutien de leurs familles qu’ils montent le dossier de financement ambitieux qui obtient un accueil favorable malgré leur inexpérience dans les métiers de la restauration, du bar et de la fabrication de bière. C’est en septembre 1997 que le NINKASI Gerland ouvre ses portes. Cécile CRISTALLINI et Vincent COVOLO viennent à l’ouverture renforcer l’équipe qui est alors composée de 10 personnes. Le démarrage de l’activité sera difficile car le quartier de Gerland excentré du centre de Lyon, mal desservi par les transports en commun, n’est pas une destination pour ceux qui sortent le soir. Mais la coupe du Monde 1998 sauve l’établissement de la faillite et permet de le faire connaître plus largement dans l’agglomération. La deuxième année d’existence voit le NINKASI commencer à s’imposer comme un lieu important de la vie culturelle lyonnaise.



Le dernier grand principe du NINKASI est la convivialité : être un lieu de brassage ouvert au plus grand nombre. L’enjeu est de retrouver l’esprit des bars d’antan où artistes, philosophes, le quidam venaient parler de tout et de rien, refaire le monde, s’amuser, où il était possible de se rencontrer, de créer du lien social. C’est la raison pour laquelle le NINKASI attache beaucoup d’importance à l’accessibilité sous toutes ces formes : prix attractifs, gratuité, accueil de personnes à mobilité réduite, absence de sélection à l’entrée, aucune obligation de consommer...



Où est la musique dans cette histoire ? La musique a pris une place au NINKASI car tout était réuni pour qu’elle puisse exister, s’épanouir. Dès l’origine, une scène est construite afin d’accueillir des groupes locaux sur un rythme d’un concert par semaine. Très rapidement, les sollicitations des artistes locaux, régionaux et nationaux sont très importantes. L’activité musicale prend alors petit à petit une part prépondérante au NINKASI. Pourquoi l’équipe du NINKASI favorise ce phénomène ? Parce qu’elle est composée de passionnés de musique qui sont profondément convaincus que la musique est un vecteur de tolérance, d’ouverture sur le monde et de rencontre avec l’autre grâce à l’émotion qu’elle suscite. Il leur apparaît évident qu’elle renforce pleinement le sens de leur projet. Face à ce nouveau défi et conscients de leur manque d’expérience dans l’organisation de concerts, ils se tournent vers les acteurs locaux du secteur des musiques actuelles pour pouvoir gérer au mieux ces sollicitations. Au final, Thierry PILAT, président de l’association Microcosmos (tourneur, manageur), et Jean Christophe PELLETIER président de l’association Mr. Hublot (producteur de concert), viennent rejoindre l’équipe du NINKASI début 1999. À cette époque, les sollicitations se multiplient toujours et le projet se trouve confronté à la problématique des entrées payantes pour certains concerts, ce qui va à l’encontre du principe d’accessibilité du lieu. À cela se rajoute une forte demande des acteurs locaux de pouvoir se produire dans un espace spécialement aménagé pour la diffusion des musiques actuelles et le souhait des artistes et des producteurs de concerts d’avoir une jauge intermédiaire entre le Transbordeur et les cafés-concerts des pentes de la Croix Rousse. Le NINKASI se lance donc en 2000 dans la construction de la salle de concert de 600 places.



Thierry PILAT et Jean Christophe PELLETIER décident de créer avec le NINKASI une SARL «HUBLOT PRODUCTIONS» afin d’assurer l’exploitation de la salle et la production des spectacles. Mais cette société connaît de très grosses difficultés car très vite cette nouvelle structure fait le constat qu’il est difficile d’équilibrer les productions du KAO. Les pertes approchent les 100 000 la première année, et pour sauver le projet, HUBLOT PRODUCTION se tourne vers les pouvoirs publics. En 2001, ils disposent d’une équipe compétente, d’un outil de travail performant et d’un projet cohérent. Les institutions acceptent de soutenir le projet à la condition de bien séparer l’activité commerciale du projet culturel. C’est ainsi qu’en 2002, l’association KAO KONNECTION est créée et prend le relais de la société HUBLOT PRODUCTIONS, accumulant alors une perte de 150 000.



Au fil du temps et de son travail, KAO KONNECTION obtient une montée en puissance de l’intervention publique qui permet petit à petit de stabiliser l’équipe et de consolider les emplois mais l’équilibre financier ne sera jamais trouvé. Le niveau de subvention qui permettrait une forte autonomie de l’association et une pérennité de son projet n’a jamais été atteint. KAO KONNECTION ne peut pas reprendre le bail de la salle, c’est donc le NINKASI qui le récupère et qui le met à disposition de KAO KONNECTION, date par date avec un système de remise ou de gratuité. Ce montage bancal est une source de confusion qui nuit à la lisibilité de l’articulation entre l’activité commerciale et le projet culturel. Le soutien du NINKASI va bien au-delà de la mise à disposition du KAO à des conditions avantageuses et il constitue un poids extrêmement lourd à supporter pour l’entreprise. Cette situation va se révéler être un véritable aiguillon du développement de l’enseigne NINKASI qui, afin de rendre plus supportable le poids du soutien à KAO KONNECTION, va se lancer dans l’ouverture de petits établissements bar-restaurant. Cette stratégie viendra alimenter les critiques de ceux qui reprochent au NINKASI de profiter de l’activité musicale pour se développer. La réalité est tout autre : ce sont d’énormes sacrifices des équipes et une recapitalisation de l’entreprise qui permettront la mise en œuvre de ce développement. Aujourd’hui les enseignes reversent un pourcentage de leur chiffre d’affaires à NINKASI ENTREPRISES, société-mère du groupe, ce qui permet de soutenir plus facilement KAO KONNECTION et de développer de nouveau projet comme la Ninka Télé. Est-ce qu’une entreprise peut être généreuse et se soucier de l’intérêt général ? Aujourd’hui, les actes et les valeurs défendues au quotidien démontrent que le NINKASI est une véritable entreprise citoyenne.



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